Kenza Guennoun
Grand Papa tortue raconte des histoires du bon vieux, alors que la jungle n’était pas ce qu’elle est… Sur cet argument fréquent se greffent deux fables moralisatrices sur l’origine du lion comme roi des animaux et sur le long cou de la girafe. Sans grande invention, ces récits se fondent sur des structures répétitives qui jouent sur les petits ou grands défauts des animaux qui ressemblent, comme il se doit, furieusement aux hommes.
Dans la jungle où règne le désordre, les animaux cherchent un roi. Tout à tour, l’éléphant se propose mais il est peureux, le singe manque de sérieux, le léopard est colérique et le crocodile égoïste. Avec une structure classique, le plaisir est dans les détails : ici, la pierre d’achoppement, celle qui va révéler les incompétences de tous, est la plainte récurrente de la souris dont les souriceaux sont gênés par les hululements du hibou. Le contraste entre le sérieux des animaux convaincus de leur importance et la petitesse de la souris amuse, d’autant qu’au fil du récit émerge la question fondamentale : quels sont les critères d’un bon roi ? Il n’est sans doute jamais trop tôt pour y réfléchir.
La seconde histoire, proche de l’enfant d’éléphant de Kipling, concerne la girafe, curieuse et commère elle met son petit nez partout, au grand dam d’un sorcier qui l’affuble du long cou qu’on lui connaît en guise de représailles. D’abord encombrée par cette bizarrerie, elle apprend à l’utiliser et devient guetteur au service de tous. Ces 2 fables de sagesse, sans grande nouveauté, apportent la fraîcheur de leur dessin, style dessin de presse, à traits vifs et souples et l’universalité de leur message.
Danielle Bertrand